Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 19:15

  Il n’était pas encore dix heures du matin, que le soleil de ce début juillet se faisait déjà bien pesant. La nuit passée avait été claire et étoilée et n’avait pas réussi à faire descendre la température en dessous des 24°C. Le bitume de la départementale, surchargé de soleil, faisait remonter de longues vagues chaudes, presque brûlante, ajoutant encore plus de difficultés aux efforts de Rémi sur son vélo.

 

            Désireux de pouvoir pédaler à la fraîche, il avait quitté le camping de Cahors sur les coups de huit heures, ce matin. Tant qu’il avait roulé les routes bordées d’arbres, en longeant tantôt le Lot et tantôt le Célé, il avait eu cette fraîcheur bienfaisante, mais, à présent qu’il était sur le Causse, il se trouvait entièrement exposé au soleil, enveloppé par une chape de plus en plus lourde. De plus, comme si les difficultés n’étaient pas suffisantes, la route présentait un long faux plat montant, l’obligeant à se mettre régulièrement en danseuse pour relancer son vélo, derrière lequel était attelé une remorque mono-roue, contenant tout son nécessaire de camping, ainsi que ses vêtements de rechange. Pourtant, à le regarder de plus près, il ne donnait pas l’impression de réellement souffrir de la fatigue due à la chaleur : ses jambes, dont les muscles se tendaient et détendaient à chaque coup de pédales, tournaient vigoureusement dans un mouvement fluide et léger.

 

            Une quinzaine de kilomètres auparavant, il avait eu le choix entre deux directions pour gagner Rocamadour. S’il avait tourné sur la gauche, empruntant la route touristique, il aurait pu continuer à l’abri des arbres et arriver au pied du site par la vallée de l’Alzou. Mais, en plus de lui rajouter plusieurs kilomètres, le relief s’élevait énormément avant de redescendre dans la vallée et il avait donc opté pour la seconde solution, tout droit, en passant par Gramat.

 

            La bouche entr’ouverte, des gouttes de sueur perlant à son front, il regrettait à présent un peu son choix. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas roulé sur les routes de son enfance et il en avait oublié que les cinq derniers kilomètres étaient aussi casse-pattes. Son casque, bien que parfaitement aéré, lui semblait peser de plus en plus et, à plusieurs reprises, il avait été tenté de le retirer. Son maillot était entièrement ouvert sur son torse rasé et ses jambes, halées par le soleil, parfaitement épilées, luisaient de transpiration.

 

            Cela faisait tout juste une semaine qu’il avait pris la route. Il avait quitté Paris par le premier RER de la ligne A, à l’aube. Il en était descendu au terminus, en garde de Chessy / Marne-la-Vallée, puis avait suivi l’itinéraire qu’il avait longuement préparé, plusieurs semaines auparavant, un itinéraire en cinq étapes jusqu’à Rocamadour. Il avait d’abord roulé jusqu’à Orléans, 140 km de pédalage, y avait fait halte pour une nuit, puis s’était rendu à Châteauroux, encore 140 km, avant, dès le lendemain, avaler une étape de plus de 200 km qui le mena à Brive-la-Gaillarde. Après une nuit de repos, il était remonté sur son vélo pour franchir les 100 km qui le séparaient encore de Cahors et, enfin sur ses terres, il y passa deux nuits dans un confortable camping en bordure du Lot, avant de se lancer sur la route qu’il suivait aujourd’hui.

 

            « Dernière ligne droite », se dit-il en apercevant le panneau indiquant qu’il ne lui restait plus que 3 kilomètres à parcourir. Il attrapa l’un des deux bidons accrochés au cadre du vélo et se versa une longue rasade d’eau sur la nuque ; elle était devenu chaude, mais cela lui fit néanmoins un peu bien.

 

            Poussant péniblement son vélo chargé de quatre sacoches et d’une toile de tente, Cerise ne cessait de pester contre elle-même : sa roue arrière avait percé à quatre kilomètres de sa destination du jour, Rocamadour. L’incident ne l’avait guère inquiété dans un premier temps, jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive qu’elle avait oublié le nécessaire de réparation dans son appartement parisien, une omission qui l’obligeait à découvrir les joies de pousser un vélo bien chargé, sur une route qui ne semblait ne jamais vouloir finir et par une chaleur caniculaire. Toutefois, ce fâcheux contretemps ne la faisait pas regretter la décision qu’elle avait prise quelques mois auparavant, une idée qui avait lentement germée dans son esprit, avant de devenir une envie, puis un besoin irrépressible.

 

            C’était un soir qui s’était achevé par une nouvelle dispute avec Christophe, l’homme qui partageait sa vie depuis plus d’un an, une engueulade de plus, l’incompréhension de trop. Elle se sentait étouffée par lui, par sa jalousie, et aussi frustrée : elle était une femme aimant le sexe, aimant inventer des jeux pour rendre les rapports encore plus intensifs, mais Christophe, à tout juste 30 ans, avait déjà pris une vie de pantouflard et n’était pas très porté sur la chose, en tout cas pas autant qu’elle le souhaitait. Elle avait pourtant tout tenté, du moins le pensait-elle, pour le sortir d’un certain côté conventionnel, mais elle n’avait réussi qu’à l’amener à une jalousie maladive de plus en plus dévastatrice pour leur couple, à tel point, qu’elle en était venue au besoin de vouloir faire une pause, quel qu’en puisse être l’issue finale. Architecte d’intérieur à son propre compte, elle s’était autorisée à prendre deux mois de congés pour les vacances d’été, des vacances qu’elle allait passer seule, loin de tous ses soucis.

 

C’est en parcourant le Net, à la recherche d’un lieu de villégiature aux Etats Unis d’Amérique, qu’elle était tombée sur un forum parlant du cyclotourisme. Très vite, elle avait été emballée par les nombreux témoignages, tant et si bien qu’elle avait décidé de tenter l’expérience sur les routes de France. Bien sûr, Christophe n’avait pas du tout apprécié cette idée, mais Cerise était de ces femmes qui, une fois une décision prise, ne reviennent jamais dessus.

 

Curieuse coïncidence ou pur fruit du hasard, Cerise avait pris la route depuis le même endroit que Rémi, à deux ou trois kilomètres près, mais quelques jours avant lui, suivant ensuite le même itinéraire jusqu’à Châteauroux. De là, elle était partie sur Limoges, environ 130 km de pédalage, où elle avait passé une nuit, avant de se rendre à Brive-la-Gaillarde où elle resta deux jours et trois nuits afin de bien récupérer de ses efforts. Fraîche et bien reposée, elle avait quitté le camping peu après le lever du soleil pour franchir les 50 petits km menant à Rocamadour, comptant y arriver en milieu de matinée, chose qui aurait pu se faire sans cette maudite crevaison.

 

Non, elle ne regrettait rien, même si Christophe l’avait menacé de rompre avec elle, même si, à cet instant précis, elle était à bout de force et ressentait le besoin de faire une pause à 2 kilomètres de son point de chute.

 

Elle jeta un regard vers le ciel d’un bleu limpide, et poussa un profond soupir de résignation. Elle abaissa les deux béquilles de son vélo, prit son bidon d’eau et alla s’assoir sur le talus en bordure de route. Elle retira le foulard mauve qu’elle portait autour de la  tête et ses cheveux coulèrent aussitôt jusqu’en dessous de ses épaules, une belle chevelure tirant sur le blond et parsemée de reflets roux. Reprenant doucement son souffle, elle porta un bidon d’eau à ses lèvres et ce fut à ce moment qu’elle aperçut le cyclotouriste qui arrivait vers elle ; une lueur d’espoir la traversa et elle se releva rapidement en faisant de grands gestes.

 

-          Bonjour ! s’écria-t-elle lorsqu’il fut pratiquement à sa hauteur.

-          Bonjour, répondit le cycliste en mettant pied à terre. Vous avez des ennuis ?

-          Juste un petit souci, répondit Cerise en pointant son pneu du doigt.

-          Je vois. Vous ne savez pas comment réparer ?

-          Si, bien sûr, mais… comment vous dire… Je n’ai pas ce qu’il faut ! Les chambres de rechange ont dû rester sur ma table basse, à Paris.

-          Effectivement, c’est un peu loin d’ici pour que ces chambres vous soient d’une quelconque utilité ! fit l’inconnu en souriant.

-          Pensez-vous que vous pouvez m’aider ?

-          Oui, bien sûr : les miennes sont avec moi ! répondit-il en retirant son casque qu’il posa sur son guidon.

-          Vous êtes mon sauveur ! fit Cerise en le gratifiant d’un grand sourire, tout en retirant ses lunettes de soleil, découvrant deux yeux d’un vert si éclatant, que l’inconnu en fut aussitôt captivé.

-          Ce sont vos premières vacances à vélo ?

-          C’est à cause des chambres à air que vous me demandez ça ?

-          Non. Croyez-moi, ce genre d’oubli arrive même au plus chevronné !

 

A vingt-six ans tout juste, Cerise possédait un corps magnifique, parfaitement proportionné et superbement moulé dans la tenue cycliste. Ses jambes bronzées étaient longues et fines, avec une musculature qui laissait deviner qu’elle ne pratiquait pas le cyclotourisme depuis très longtemps, ou bien qu’elle ne faisait jamais de vélo en dehors des vacances.

 

-          La réponse est oui : c’est la première fois que je pars ainsi en vacances.

-          Je souhaite que cette crevaison ne vous fasse pas regretter votre choix.

-          Non, loin de là !

-          Il va falloir que l’on déleste votre vélo de son chargement.

 

Cerise remit ses lunettes sur le nez et détailla un peu plus l’homme qui s’attelait à détacher les sacoches de son vélo. Il devait avoir la quarantaine passée, des cheveux châtains, légèrement dégarni sur le haut du crâne, et son corps, bien que fin, était musclé, surtout des cuisses. Ces dernières étaient si gonflées, qu’elles semblaient sur le point de faire exploser son cuissard. Sans aucun doute, lui n’en était pas à sa première randonnée à vélo.

 

Se sentant observé, l’inconnu se retourna et leva ses lunettes sur le dessus du front. Il avait yeux couleur noisette et son regard était profond, troublant.

 

-          Je m’appelle Rémi Castellan.

-          Cerise Rignac.

-          Cerise ?

-          Oui, je sais… Comme la pub à la télé !

-          Ce n’est pas ce à quoi je pensais. C’est un prénom original.

-          En effet, très original !

-          Mais qui vous va bien. Ravi de faire votre connaissance, mademoiselle Rignac.

 

La jeune femme serra la main qui lui était tendue et ressentit quelque chose d’étrange à son contact, un sentiment diffus qui disparut avant qu’elle puisse en saisir le sens.

 

-          On s’attaque à votre pneu ?

-          Oui, bien sûr, répondit-elle sur le ton d’une personne sortant d’une rêverie. Je vais vous aider à enlever les dernières sacoches.

 

Erog étant limité dans le nombre de mots, je vous propose de lire la suite sur mon blog : http://laplumeoccitane.blogspot.fr/2014/04/le-temps-des-cerises-chapitre-1-dans-sa.html

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Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 19:11

            Quatre mois s’étaient écoulés depuis cette nuit magique de la fête de la musique. Nous ne nous étions pas revu, mais nous avions continué à échanger des courriels très, trop ponctuellement. Toutefois, j’arrivais à suivre une partie de son parcours en lisant des revues de presses spécialisées dans le monde de la littérature, essentiellement sur le Net, et je repensais souvent à cette folie qui s’était emparée de nous, de moi, pendant quelques heures. Dans ces moments, j’arrivais à ressentir ses mains sur mon corps, son sexe entre mes mains, dans ma bouche, puis prenant possession de moi pour me noyer dans les plaisirs. Parfois, il m’arrivait de m’allonger sur mon canapé, son livre dans une main, tandis que, de l’autre, je me caressais jusqu’à atteindre l’orgasme. Il s’agissait, bien sûr, d’un plaisir au goût inachevé, quelque fois empreint d’une certaine tristesse, mais, néanmoins, je recommençais régulièrement, me donnant à chaque fois l’illusion que j’étais ainsi plus proche de lui, que ce n’était pas ma main, mais lui qui me touchait au travers des mots posés sur la feuille blanche.

 

            Mon couple avait définitivement éclaté et j’avais lancé la procédure de divorce, à la grande surprise de mon mari. Ce dernier sembla même tomber des nues lorsque je lui annonçai ma décision.

 

La procédure s’annonçait longue et difficile à vivre, d’autant plus que, pour des raisons financières, nous devions continuer à vivre sous le même toit mon mari et moi. Toutefois, je commençais peu à peu à me sentir libre et à profiter de ce que la vie voulait bien m’offrir. Je ne faisais aucun projet d’avenir avec mon bel écrivain : il avait sa vie et je le savais heureux ainsi. Je ne me donnais pas le droit de bousculer son équilibre ; pour ce qui concernait cette histoire, je savais que je devais me contenter de ce qu’il m’avait déjà apporté et qu’il continuait à m’apporter au travers de ces courriels, de ces écrits. Je ne regrettais rien, si ce n’est que j’aurais aimé que notre rencontre se passe beaucoup plus tôt. Parfois, j’essayer d’imaginer ce qu’aurait pu être notre vie si j’étais entrée dans la sienne bien avant celle qui était devenue sa femme.

 

            Même si le divorce n’était pas encore légalement prononcé, j’estimais ne plus avoir à tenir mes engagements maritaux et je devenais de plus en plus inspirée par la vie de Coralie, l’une des personnages principale de l’histoire écrite par mon amant écrivain. Tout comme cette héroïne, j’aurais aimé avoir une amie pouvant m’aider à ouvrir la porte de mes fantasmes secrets et me conduire dans des lieux de débauches. J’avais bien trouvé, sur INTERNET, des adresses de clubs où les ébats sexuels étaient à l’honneur, mais, malgré un désir très fort, j’étais incapable de franchir le pas seule : tout comme Coralie à ses débuts, je ressentais le besoin d’être accompagnée moi aussi, mais je n’avais malheureusement aucune Titia dans mes connaissances… J’étais libre de tous engagements, mais je restais prisonnière de mes interdits, de mes peurs…

 

            Commençant à me noyer dans un flot de pensées négatives, je décidai de poser quelques jours de vacances afin d’aller me ressourcer en Dordogne, chez mes parents, et ce fut en commandant mes billets sur le site de la SNCF, qu’un moyen de revoir mon écrivain s’imposa à moi. Pour l’aller, comme pour le retour, je devais prendre une correspondance en gare d’Austerlitz avec, dans les deux cas, une attente d’un peu plus de trois heures. Je lui envoyai donc un courriel, lui expliquant mon voyage et lui proposais de nous retrouver pour prendre un café ensemble pendant que j’attendrais ma correspondance. Mon cœur battit très fort lorsque je reçus sa réponse, presqu’immédiatement : dis-moi quand et à quelle heure.

 

            Mon train arriva en gare de Saint Lazare à 10 heures 45 ; je lui avais donné rendez-vous à 11 heures 30 en haut du Jardin des Plantes, à la Mosquée de Paris, où je connaissais un excellent salon de thé : j’y faisais une halte chaque fois que je descendais dans le Sud-Ouest par le train.

 

Je savais que j’avais le temps pour être à l’heure au rendez-vous, cependant je ne pus m’empêcher de presser le pas, tant j’avais hâte de me retrouver auprès de lui. J’avais longuement hésité, avant de partir, sur la tenue à mettre : habituellement, je portais une tenue confortable pour un long voyage en train : un jean, des baskets et un sweat. Mais, cette fois, il s’agissait bien plus que d’un simple voyage : j’allais retrouver le « père » de Coralie, un homme qui, au vu de ses histoires, semblait aimer les vêtements raffinés et les dessous sexy. Malheureusement, j’étais loin de posséder la garde-robe de son héroïne, ou alors celle de ses débuts !

 

            Après maintes hésitations, j’avais fini par opter pour une robe en laine, parfaite pour ce début octobre, des bas, des bottes et un perfecto noir.  Il ne me fallut que quelques minutes de marche, juste le temps de me rendre de la gare SNCF à l’emplacement des taxis, pour regretter ce choix vestimentaire un peu trop épais par rapport à la douceur exceptionnelle de la température. Contrairement à celui que j’avais quitté en Normandie, le ciel parisien était d’un bleu parfait, sans aucune tâche, et le soleil avait un ardeur plus printanière qu’automnale ; je finis par retirer mon blouson.

 

            Une grande bouffée de chaleur s’empara de moi lorsque j’entrais dans le salon de thé et que je l’aperçus dans un coin de la salle. Il était habillé de façon très chic : une chemise cintrée au ton vert pâle, dont le bout des manches retroussée était rayé en trois tons,  un jean et des chaussures assorties à la couleur beige clair de son chapeau. Il était superbe et j’eus l’impression de marcher sur du coton quand je m’avançai vers lui. Il me remarqua très vite et se leva en me faisant un grand sourire qui fit pétiller son regard : je me sentis fondre et sus déjà que j’allais sans doute regretter de n’avoir que si peu de temps à passer avec lui.

 

-          Bonjour, jolie petite Christelle, me dit-il d’une voix chaude et en retirant son chapeau.

-          Bonjour, mon ange.

-          Tu es ravissante.

-          Mais j’ai très chaud ! Paris ne sait donc pas que nous sommes en automne ?... Toi, tu es d’une grande classe.

-          J’avais une séance de dédicaces dans une librairie du quartier latin ; j’ai essayé de me faire beau.

-          C’est plutôt réussi !

 

J’avais envie de me jeter à son cou, de goûter à nouveau à ses lèvres, mais je sentis comme une distance chez lui et n’osai aller au bout de mon désir. Mon cœur se pinça quand il se pencha sur moi pour me faire les deux bises conventionnelles sur les joues.

 

Nous nous installâmes chacun sur un gros pouf rouge, avec des losanges blancs et noirs, et je me demandai si je n’avais pas fait une erreur en lui demandant de nous voir. En y réfléchissant, depuis notre nuit de la fête de la musique, nous n’avions plus les mêmes échanges sulfureux et endiablés d’avant notre rencontre : peut-être n’avait-il pas réellement envie de me revoir ? Mais, dans ce cas, pourquoi avait-il accepté ?

 

-          Tu m’as l’air bien pensive ?

-          J’étais en train de me dire que j’avais sans doute pas mal perturbé tes projets de la journée. Après tout, tu n’as eu que deux jours pour te retourner !

-          C’est vrai… Mais je m’en moque éperdument ! Je suis extrêmement heureux de te revoir.

 

Le début d’angoisse qui s’était installée en moi s’envola d’un coup ; mon cœur fut transporté de joie, un plaisir intense qui se traduisit aussitôt par un large sourire sur mon visage.

 

-          L’espace d’un instant, lui dis-je, j’ai cru que ma présence ne te réjouissait pas vraiment.

-          Je peine à concevoir que quelqu’un ne soit pas réjoui d’être avec toi !

 

Sans crier gare, il posa une main sur ma joue et caressa mes lèvres avec son pouce, jouant un moment avec mon grain de beauté. Il ouvrit la bouche pour me dire quelque chose, mais il fut interrompu par le garçon de salle.

 

-          Je suis heureux de voir que votre amie est enfin arrivée, lui dit-il.

-          Pas autant que moi, soyez en sûr.

-          Je n’en doute pas une seule seconde, monsieur. Avez-vous fait votre choix ?

-          Madame m’a loué la qualité de votre thé à la menthe, aussi je vais me laisser tenter.

-          Moi aussi, ajoutai-je d’une voix troublée.

 

Nous nous mîmes à discuter passionnément, prenant, chacun à notre tour, des nouvelles de l’autre. Il s’excusa d’avoir était si peu expressif dans ces courriels ces derniers mois, de ne pas avoir pris le temps d’avoir une conversation avec moi sur une messagerie instantanée, comme nous le faisions autrefois. Il m’expliqua que son éditeur lui avait demandé d’écrire une suite à son roman et il s’était alors mis au travail avec plus de sérieux que lors de l’écriture du premier tome.

 

-          Voilà une nouvelle qui me ravit ! lui dis-je. As-tu déjà trouvé un titre ?

-          Le même que pour le premier, à la différence que Titia en sera l’unique personnage principal. Il est temps que l’on découvre qui elle est, pourquoi Mélanie lui a donné une existence.

-          Et Coralie ?

-          Coralie… Elle ne fera qu’une brève apparition dans ce volet.

-          Dommage : je me suis beaucoup attachée à elle, tu sais.

-          Mais Mélanie mérite aussi que l’on s’intéresse un peu plus à elle.

 

Nous passâmes beaucoup de temps dans le salon de thé, beaucoup trop : presqu’une heure. Il ne m’en restait plus que deux avant de devoir remonter dans mon train.

 

-          Le temps joue encore contre nous, dis-je d’une voix maussade.

-          Dans ce cas, me répondit-il en se levant, ne perdons pas une minute de plus !

-          Où veux-tu que nous allions ?

-          Tu m’as dit bien connaître le Jardin des Plantes ?

-          En effet.

-          Peut-on rejoindre Austerlitz en le traversant ?

-          Bien sûr.

-          Alors, guide-moi !

 

Le jardin s’était recouvert de son manteau automnal, des couleurs chatoyantes qui contrastaient avec la température trop élevée pour la saison. En pleine semaine, hors vacances scolaires, il était presque désert, et je m’en réjouis fortement car cela donnait une certaine magie à notre promenade.

 

Nous marchions main dans la main, gardant tous deux le silence depuis plusieurs minutes, quand il s’arrêta brusquement et planta son regard dans le mien.

 

-          M’en voudrais-tu si je t’embrassais ? me demanda-t-il.

-          Idiot ! Je crois que je vais te tuer si tu ne le fais pas immédiatement !

 

Enfin, il me prit dans ses bras ; enfin, je pus sentir son souffle chaud s’approcher de mes lèvres ; enfin, sa langue s’engouffra dans ma bouche pour se lover à la mienne. Le baiser me fit totalement fondre et ses mains, qui me caressaient par-dessus ma robe, me firent trembler d’émotions. Quand ses lèvres me quittèrent, je me retrouvai avec le souffle court et la vue trouble. Il me prit alors par la main et m’entraîna derrière de hautes haies. Lorsqu’il estima que nous nous trouvions assez loin des sentiers de visites, il me fit m’allonger dans une herbe très douce.

 

-          Je ne sais plus si je te l’ai dit, me dit-il en s’allongeant tout près de moi, mais tu m’as manqué.

-          Non, tu ne me l’avais pas dit.

 

Il me sourit, puis ses lèvres se soudèrent une nouvelle fois aux miennes. Sa langue fouilla énergiquement ma bouche, jusqu’à ce que je me mette à répondre pleinement à ce baiser en engageant un véritable duel de langues. Mais lorsque sa main se posa sur ma cuisse, je sus qu’il allait gagner le combat, qu’il allait prendre le pas sur moi ; je rejetai ma tête en arrière et fermai les yeux.

 

Sa main remonta lentement, dans un grand mouvement circulaire, et lorsque ses doigts quittèrent le nylon pour se retrouver sur ma peau nue, je ne pus m’empêcher de sursauter et de lâcher un petit râle. Je me mis à frissonner, à onduler des hanches, et j’ouvris un peu plus mes jambes lorsque les doigts atteignirent ma culotte ; j’étais heureuse d’avoir plutôt préféré des bas à un collant.

 

Les doigts se mirent à marcher sur le tissu, alternant des pressions plus ou moins fortes et ma gorge s’assécha à mesure que montait le désir en moi. Je sentais que mon clitoris avait bien gonflé et j’étais impatiente qu’il s’en saisisse. Mais il semblait décider à jouer avec mon plaisir, à me faire languir.

 

Enfin, il fit passer ses doigts sous ma culotte et l’un d’eux flirta avec mon bouton, le massant délicatement, comme s’il souhaitait le faire grossir encore un peu plus. Puis il l’abandonna brusquement pour pénétrer mon intimité, m’arrachant un cri à la fois de surprise et de plaisir. Les deux doigts enfoncés profondément en moi me fouillèrent avec une certaine lenteur d’abord, puis, peu à peu, ils s’accélèrent, s’affolèrent. Mon corps sembla devenir une marionnette contrôlée par la main de mon amant. De petites vagues commençaient à se lever aux creux de mes reins et je commençais à me préparer à l’arrivée de l’orgasme, quand il retira ses doigts au tout dernier moment.

 

J’étais haletante, en sueur ; j’ouvris les yeux et l’aperçus me regardant avec une grande tendresse ; je les refermai lorsqu’il s’attaqua à nouveau à mon clitoris, avec bien plus de vigueur que la première fois. Des bouffées de chaleur m’envahirent, amenant avec elles comme de délicieuses petites décharges électriques. A nouveau, il s’arrêta alors que j’étais au bord de l’explosion.

 

 

Devenant comme folle, je le pris par le cou et le supplia de me libérer, tout en lui mordillant le lobe de l’oreille. Il me pénétra une nouvelle fois avec deux doigts, mais en fit aussi entrer un troisième dans le jeu : tandis qu’il me fouillait avec une énergie sans pareille, son pouce entamait un mouvement circulaire tout aussi rapide sur mon clitoris. J’eus subitement comme une envie d’expulser quelque chose ; mes hanches bougèrent, malgré moi, comme si elles donnaient des coups de boutoir. L’explosion arriva enfin et je me jetai sur la bouche de mon amant pour y étouffer les cris que je ne pouvais retenir, tandis que j’inondai sa main de mon orgasme de femme.

 

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Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 19:07

Les canons avaient enfin cessé de parler sur Omaha la sanglante. L’acharnement des alliés avaient fini par payer : les unes après les autres, dans la douleur et les cris, les positions allemandes étaient tombées aux mains des soldats américains. A présent, beaucoup s’affairaient à nettoyer la plage tandis que des barges continuaient à faire des aller-retour pour débarquer de nouvelles troupes, mais aussi des véhicules militaires : jeeps, camion, char. Sur les hauteurs, un homme prenait des clichés de ce qu’il restait du champ de bataille ; il ne portait aucune arme, simplement un appareil photo et sur la veste de son treillis militaire, en plus de la bannière étoilée, un écusson « presse » indiquait qu’il n’était pas un combattant. Son attention était captivée par les hommes du corps médical militaire qui, de l’eau jusqu’à la taille, récupéraient les cadavres flottant encore à la surface. Ils étaient malmenés par les ressacs et il fut frappé par la couleur des vagues venant mourir sur la plage : rouge. Il finit par baisser son appareil photo d’un mouvement étrangement lent. Son teint était devenu livide ; il se sentait gagné par un immense dégout. Il s’assit sur le bord du promontoire, les pieds dans le vide, puis sortit un petit calepin et un crayon à papier. D’un geste nerveux, il se mit à écrire.

 

« J’ai débarqué sur Omaha Beach avec la troisième vague d’assaut. La grande porte de notre péniche s’était à peine abattu dans l’eau, que je découvrais un spectacle apocalyptique, un enfer indescriptible.

Je me suis jeté à la mer, en même temps que les soldats ; j’avais de l’eau jusqu’à la poitrine ; elle était glacée. Les militaires hurlaient tout autour de moi ; j’entendais les balles siffler au-dessus de ma tête ; certaines venaient s’abattre dans la mer, à quelques centimètres de mes pieds.

Je suis arrivé assez vite derrière une de ces fameuses asperges de Rommel ; j’y suis resté un court moment, le temps de prendre quelques clichés et c’est à ce moment que j’ai commencé à voir les soldats immobiles, flottants sur l’eau. Un peu plus loin, sur le sable, gisaient d’autres cadavres, si nombreux qu’il était impossible d’en définir le nombre. Il y avait aussi des véhicules, ou plutôt des carcasses de véhicules encore fumantes.

Un soldat m’a crié de ne pas rester dans l’eau ; je me suis mis à avancer en me protégeant derrière tout ce qui pouvait me faire un rempart aux balles, le plus souvent, derrière des corps humains. J’ai réussi, tant bien que mal, à atteindre le grand mur anti-char où je suis resté recroquevillé pendant un temps indéterminé.

Au moment où j’écris ces quelques mots, il y a une odeur indescriptible dans l’air, pestilentielle : la poudre, le feu… la mort. »

 

 Le journaliste s’arrêta d’écrire ; sa tête continuait à résonner des cris et des coups de canons, un bourdonnement qui lui devenait insupportable. Quelque chose, en bas, attira son œil de photographe : un Sherman tentait de se frayer un chemin au milieu de cadavres ; le conducteur avait fini par s’arrêter, de peur de rouler sur l’un d’eux. L’appareil photo crépita ; quelques clichés supplémentaires pour son journal, pour l’Histoire. Il eut soudain des hauts le cœur ; jusqu’à présent, dans le feu de l’action, il avait pris un tas de photos tel un automate, sans vraiment se rendre compte de l’horreur à laquelle il assistait, mais, maintenant que la tension était en train de redescendre, il avait une parfaite conscience du chaos qui régnait tout autour de lui. Avec son appareil photo, il eut l’impression d’être devenu comme un charognard, à la recherche du meilleur cadavre, de la meilleure scène morbide qui pourrait faire le bon cliché. Cette idée acheva de l’écœurer et les hauts le cœur devinrent une violente nausée ; ses nerfs le lâchaient totalement ; des larmes montèrent à ses yeux.

 

-          Ca ne va pas, monsieur ?

 

Il leva la tête en sursaut en direction de la voix. Il aperçut un jeune soldat, dont l’uniforme était couvert de poussière collée à du sang séché.

 

-          J’ai juste besoin de décompresser un peu, répondit-il. Je suppose que je dois vous paraître stupide ? Après tout, je ne suis qu’un simple journaliste...

-          Je ne sais pas… Je pense que, qu’on tienne un fusil ou un appareil photo, on n’est pas différent face à certains évènements.

 

Il observa un moment le soldat qui s’asseyait à ses côtés, posant son fusil sur ses genoux. Il ne devait pas avoir plus de 25 ans, mais l’expression de son visage lui en donnait dix de plus.

 

-          Vous êtes blessé ?

 

Le soldat regarda son treillis et il eut un léger rictus que le journaliste interpréta comme étant du dégout.

 

-          Ce n’est pas mon sang, dit-il d’une voix monocorde.  Y a eu cette troué faite par les gars du Génie. On s’est jeté dans la brèche et on a dû déloger les allemands dans les bunkers à coups de grenades. Ensuite, on a eu des combats à la baïonnette… Ce n’est pas mon sang.

 

Le journaliste n’en eut pas besoin de plus pour comprendre ce qu’avait vécu ce jeune soldat.

 

-          Quel est votre nom ?

-          Jack, Jack Porter.

-          Moi, c’est Marc Stevenson. Avez-vous déjà combattu sur d’autres fronts, Jack ?

-          Non, monsieur ; c’était mon baptême du feu, aujourd’hui… C’est étrange ; j’ai été débarqué avec la première vague, à 6 heures 30, et j’ai tiré mon premier coup de feu plus de quatre heures après. Je crois qu’il ne reste plus beaucoup de survivants de cette première vague ; moi, je suis encore là… Vous ne trouvez pas ça curieux ?

 

Une grande douleur filtrait dans la voix de Jack. Son cœur saignait d’une blessure profonde ; il avait mal d’avoir perdu tant de frères d’armes, mal d’avoir dû ôter la vie à d’autres hommes, fussent-ils nazis. Ses dernières fibres d’innocence s’étaient définitivement envolées : pour lui, plus rien ne serait comme avant ce mardi 6 juin 1944.

 

-          Comment faites-vous pour tenir ?

-          Je me raccroche à un doux souvenir, répondit Jack en fixant l’horizon. Mon esprit s’évade, au-delà de ces navires, pour rejoindre Suzana. Elle m’a fait un beau cadeau, quelques heures avant qu’on ne quitte Portland. Vous me permettez de vous raconter ?

-          Bien sûr.

 

Jack raconta si merveilleusement bien sa dernière nuit sur la terre anglaise, que Marc n’eut aucune peine à voir les images défiler dans son esprit. Il vit le visage de la jeune femme, le décor qui entourait les deux amants. C’était un environnement peu propice à des ébats amoureux, mais il semblait magnifié par la preuve d’amour du lieutenant Susana  Aslan.

 

-          Hey ! Vous deux ! Vous vous croyez où ?

 

Jack se releva précipitamment, se mettant au garde-à-vous devant le sergent qui lui faisait face. Ce dernier jeta un coup d’œil rapide sur Marc, qui n’avait pas bougé d’un pouce, et fit une petite grimace en voyant qu’il était de la presse.

 

-          Soldat, dit-il à l’adresse de Jack, l’heure n’est pas encore à conter tes actes de bravoure ! La guerre, c’est par là !

-          Oui, sergent !

 

Jack se pencha vers le journaliste et, posant une main amicale sur son épaule, lui dit :

 

-          Vous aussi, monsieur, pensez à un évènement heureux. Vous aiderez votre esprit à souffler.

 

Marc esquissa un sourire en guise de remerciement et regarda s’éloigner le jeune soldat. Une fois qu’il eut disparu de sa vue, il retourna son regard vers la mer, retrouvant la vue de cette incroyable armada qui bouchait toute la ligne d’horizon ; il ferma les yeux, décidé à suivre les conseils de Jack, et commença à voir les images des locaux du journal pour lequel il travaillait. Par une étrange force de persuasion dont il ne se serait jamais cru capable, il se replongea dans un passé encore proche, quelques jours avant qu’il ne quitte New-York pour rejoindre l’Angleterre.

 

Il était resté à travailler très tard, ce jour-là, si concentré sur sa tâche, qu’il ne s’était pas aperçu que la nuit était tombée depuis un moment. Durant toute la journée, des centaines de messages avaient circulé concernant le début d’une opération de grande envergure en Europe ; certains n’hésitaient pas à dire qu’il allait s’agir d’une opération d’invasion, par la mer, dont l’humanité se souviendrait durant les siècles à venir. Marc avait tenté de faire le tri dans les différentes informations, se doutant qu’il y avait, volontairement, beaucoup de choses fausses destinées aux espions allemands : une telle opération, si elle devait exister, resterait sans doute secrète jusqu’à la dernière minute. Mais une chose était sûre : quelque chose, depuis Londres, était en train d’éclore.

 

-          Vous travaillez bien tard, Marc.

 

Jane Baker, directrice du journal, bien que toujours célibataire à l’approche de la quarantaine, faisait partie de ces femmes qui ne laisse pas un homme indifférent, sur laquelle on se retourne volontiers à son passage. De longs cheveux noirs ondulés, de grands yeux bleus, une bouche appelant les baisers, Marc, comme bien d’autres, avait succombé aux charmes de sa patronne dès le premier regard, mais il n’avait jamais eu le cran de lui faire la moindre avance.

 

-          Savez-vous que vous êtes le dernier ici ?

-          Pas exactement, puisque vous êtes là vous aussi. J’espère, du reste, que ce n’est pas moi qui vous retiens ?

-          Et vous, Marc, qu’est-ce qui vous retient aussi tardivement ?

-          Des bulletins, des infos, vraies ou fausses. Je n’arrive pas à savoir ce qui est réel et ce qui est de l’ordre du fantasme ! Pourtant, quelque chose se prépare, c’est certain !

 

Jane avait esquissé un petit sourire qui avait fait briller ses yeux. Elle était venue s’asseoir sur le petit bureau, face à lui, croisant ses jambes de telle manière que sa jupe découvrit l’une d’elles jusqu’à mi-cuisse.

 

-          J’ai une bonne nouvelle pour vous !

-          Une bonne nouvelle ? avait répété Marc, quelque peu décontenancé par la vue que lui présentait sa patronne.

-          J’ai un très bon ami, au Pentagone, un ami influant qui ne peut rien me refuser. Vous partez pour l’Angleterre dans trois jours ! Vous y intégrerez la 29ème division en qualité de correspondant de guerre.

 

Marc avait eu beaucoup de mal à croire ce qu’il avait entendu. Il savait que Jane cherchait à placer un de ses journalistes dans une division américaine basée en Angleterre, mais il n’avait jamais pensé que son choix se porterait sur lui, car  il était le dernier arrivé, embauché depuis un peu moins de six mois.

 

-          Vous semblez surpris, Marc ?

-          Beaucoup. Je n’aurais jamais cru que vous choisiriez le dernier arrivé dans votre journal pour être votre correspondant de guerre.

-          Vous devriez avoir plus confiance en vous. Certes, vous ne travaillez pour que moi que depuis peu, mais nos lecteurs aiment vos articles et votre façon d’écrire. Vous êtes, sans nul doute, le meilleur de mes journalistes !

-          Je ne suis pas très habitué aux compliments, avait-t-il répondu, gêné et de plus en plus troublé. J’espère pouvoir vous remercier, un jour ou l’autre.

 

Le regard de Jane s’était subitement troublé ; elle avait décroisé les jambes et, toujours assise sur le bord du bureau, s’était penchée vers lui, lui offrant une belle vue sur l’intérieur de son chemisier entrouvert.

 

-          Un jour ou l’autre, avait-elle murmuré d’une voix chaude, c’est beaucoup trop loin pour moi. Qui peut savoir ce que nous réserve demain ? Je veux que vous me fassiez l’amour, Marc, ce soir, ici, sur ce bureau !

 

Tout en parlant, Jane avait retiré l’un de ses escarpins ; son pied nu s’était glissé entre les cuisses de Marc, massant une verge durcissant très vite. Fou de désir, il avait saisi le petit pied et l’avait couvert de baisers, s’attardant longuement sur les orteils, avant de remonter le long de la cheville, puis du mollet. Appréciant le traitement infligé, Jane s’était cambrée en arrière, les yeux clos et la respiration rapide. Peu à peu, il avait glissé le long de la cuisse, repoussant toujours un peu plus la jupe, jusqu’à se retrouver devant le dernier rempart protégeant le joyau féminin. Elle avait été parcourue par de nombreux frissons durant toute la lente ascension de son amant et un long soupir d’extase s’était échappé de sa gorge, lorsque la bouche de Marc s’était collée à sa féminité au travers du fin tissu de coton. Elle avait placé ses jambes sur les épaules viriles et avancé un peu plus son bassin pour mieux s’offrir à cette chaude caresse. Il avait alors écarté la culotte, humé un instant la douce odeur émanant de l’antre humide, puis avait commencé à jouer avec le clitoris, l’agaçant du bout de la langue. Enfin, il l’avait pris dans sa bouche et entamé une succion qui avait déclenché une véritable fontaine.

 

Jane s’était mise à gémir de plus en plus fort ; sa respiration était devenue saccadée et son corps s’était mis à bouger dans tous les sens. Au moment de l’explosion, elle avait agrippé les cheveux de son amant et ses cris avaient empli toute la pièce et les couloirs déserts du journal. N’y tenant plus, alors que Jane était encore secouée par des spasmes, Marc avait baissé son pantalon et avait planté sa verge au plus profond de l’intimité féminine. Ses vas-et-viens, tout d’abord lents, s’étaient vite accélérés, devenant plus fort, presque bestial. Jane avait été secouée par un nouvel orgasme, encore plus puissant que le premier et Marc s’était rapidement retiré, au moment où il avait senti venir sa propre jouissance, et avait inondé, de sa semence, les cuisses de Jane.

 

-          Faut pas rester là, monsieur ! Vous allez finir par vous faire écraser !

 

Marc ouvrit les yeux en sursaut. Revenant à la triste réalité du moment, il aperçut une petite colonne de Sherman qui montait dans sa direction.

 

-   Tout va bien, monsieur ?

-   Oui, soldat, répondit Marc en se relevant, tout va bien.

 

A son tour, Marc prit le chemin qui montait sur le haut plateau, jetant un dernier regard sur la plage.

 

Omaha Beach, midi et demi, 6 juin 1944

Par laplumeoccitane - Communauté : Récits Erotiques X
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Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 18:48

Ancienne commune de la Seine, annexée par Paris en 1860, Montmartre n’a pas été trop atteinte par la folle urbanisation destructive de la capitale, au point de conserver les vestiges d’un passé glorieux, celui d’un temps où les amoureux romantiques se donnaient rendez-vous au pied de la Butte.

 

Du XIXe au XXe siècle, Montmartre fut le lieu de prédilection d’artistes peintres tels que Pissaro, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Picasso… etc., mais aussi celui de grands auteurs comme Marcel Aymé, Prévert, Boris Vian… Le compositeur Hector Berlioz y vécut, de 1834 à 1836, dans une maison paysanne, rue du Mont-Cenis, maison détruite en 1926, et le grand maître du romantisme, Victor Hugo, s’y promena au bras de Juliette Drouet, femme avec laquelle il connut, sans doute, sa plus grande histoire d’amour, une passion dont il s’inspirera pour écrire si bien celle de Marius et Cosette dans son roman Les misérables.

 

De nos jours, Montmartre est l’un des lieux les plus prisés du tourisme parisien, pour ne pas dire un lieu incontournable. Que ce soit par le funiculaire, ou bien par les 222 marches de la rue Foyatier, les visiteurs se ruent sur la butte avec une fascination qu’ils n’arrivent pas toujours à s’expliquer. Est-ce pour l’architecture, pour les peintres anonymes de la place du Tertre, pour la basilique du Sacré-Cœur, ou bien encore pour le Moulin de la Galette ou les vignes Montmartoises, que les yeux se mettent à pétiller et que les cœurs s’enflamment ? Il y a, sans nul doute, un peu de tout cela, mais pas uniquement.

 

Tout comme le pont de l’Alma semble avoir conservé les souvenirs de son aïeul dans le ressenti de Marjolaine, Montmartre suinte de la mémoire de son passé ; nous sommes des centaines de millier à la sentir nous pénétrer, sans même y prêter attention. On entre dans Montmartre et on se sent rapidement envouté. Nous sommes toujours à Paris, pourtant nous avons l’étrange sentiment d’en être sortis. Il suffit pourtant de savoir s’arrêter, de prendre le temps de regarder, d’écouter, de se servir des sens dont la nature nous a si généreusement dotés, pour comprendre le mystère et voir les grands hommes d’antan qui se sont succédés dans ces ruelles, qui y ont aimé ou souffert. Il suffit de laisser aller son imagination, pour apercevoir un Gavroche dans les rires de l’enfant qui se laisse glisser sur la rambarde du grand escalier. Il suffit de fermer les yeux pour sentir glisser sur son âme, sur son cœur, la plume légère de Victor Hugo, ou, encore, entendre Berlioz siffloter sa symphonie Harold en Italie, ou bien deviner les premières notes de son opéra Benvenuto Cellini.

 

Née dans un petit village près de Lille, Marjolaine avait découvert Paris lors d’une excursion avec son lycée. Si la Tour Eiffel, pardon monsieur Eiffel, la laissa totalement indifférente, elle avait eu un véritable coup de cœur pour la butte, tant  et si bien que, du haut de ses 15 ans, elle s’était promise qu’elle s’y installerait un jour. Et elle tint sa promesse.

 

Cela faisait maintenant quatre ans qu’elle vivait à Montmartre. Grace à un salaire des plus confortables, elle avait pu se rendre propriétaire d’une belle maison, du début XIXe, située à proximité du Clos Montmartre. D’une superficie de 152 m2, bâtie sur trois étages, l’arrière de la bâtisse cachait jalousement un jardin arboré de 80 m2, loin des regards et des bruits de la rue Saint-Vincent. C’était son havre de paix, un lieu qu’elle appréciait d’autant plus lorsqu’elle revenait d’un long voyage d’affaire à l’étranger.

 

Allongée sur un transat, au milieu du jardin, simplement vêtue d’une culotte en dentelle noire, et à l’ombre d’un grand marronnier, Marjolaine, les yeux clos, semblait si paisible que l’on eut pu croire qu’elle dormait. Mais elle n’avait de calme que l’apparence : intérieurement, elle bouillonnait d’une fièvre ardente, une fièvre causée par un mélange de fol espoir, de joie entrecoupée de tristesse, et du souvenir de deux corps, de deux âmes enflammées et passionnées, d’un amour improbable, d’un cœur battant au rythme nouveau de l’être aimé. Un petit courant d’air tiède vint lui balayer un coin de la nuque et il lui sembla sentir le souffle chaud des baisers de Carole. Le vent se propagea entre les branches du marronnier et le bruissement du feuillage se transforma, dans son esprit survolté, en des murmures de mots doux. Peu à peu, une douce chaleur s’empara de ses chevilles, de ses mollets, comme la caresse d’une main, et remonta sur ses genoux, avant de s’insinuer entre ses cuisses et d’incendier son intimité.

 

Dans un geste purement instinctif, elle posa une main sur sa vulve, puis ses doigts entrèrent en mouvement en massant doucement le clitoris au travers de la culotte. L’incendie prit très vite de l’ampleur, comme attisé par le soufflet d’une  cheminée, et envahit ses entrailles, fit se soulever ses hanches.

 

Carole, soupira-t-elle en glissant ses doigts sous sa culotte.

 

Le visage de son amante se forma dans son esprit, un visage souriant et nageant dans le bonheur. Elle avait les yeux mi-clos, chargés de désir et de plaisir, et sa voix, puis ses gémissements, résonnèrent à ses oreilles. Ses doigts s’activèrent de plus belle. Les longues flammes de son feu intérieur la léchaient à présent jusqu’au tréfonds de son âme ; son corps se tendait par intermittence, ou était secoué de petits tremblements. Des gémissements murmurés s’échappaient de ses lèvres entrouvertes, et venaient se mêler, dans son esprit, à ceux de Carole.

 

Toujours dans ce jeu subtil de l’imagination associé aux souvenirs de la veille, Marjolaine sentit sa main disparaître, pour être  remplacée par les longs doigts fins de Carole. Il y avait toujours un peu de gaucherie dans sa façon de la caresser, mais beaucoup plus de conviction, de désir de bien faire, de plaisir à faire naître l’orgasme.

 

Tandis que les doigts roulaient autour de son clitoris, de folles images se succédaient dans sa tête. Ses hanches ondulaient au grès d’une houle de plus en plus forte et ses gémissements cessèrent d’être murmurés.

 

Un oiseau se posa sur l’une des branches du marronnier, chanceux observateur d’un fabuleux spectacle. Les doigts de Marjolaine dansaient sous la culotte, en dessinant d’étranges vaguelettes sur la dentelle ; son visage affichait le plaisir, une joie intense ; son corps se tendait, se cambrait, se tordait, jusqu’au moment où il s’arc-bouta pour faire face à l’explosion de l’orgasme. Penchant sa petite tête d’un côté à l’autre, l’oiseau semblait apprécier cette étrange symphonie où les cris de cet être étrange deviennent un magnifique chant d’amour.

 

Encore tremblante d’émotion, Marjolaine ouvrit les yeux et observa l’oiseau prendre son envol. Une larme perla à ses yeux.

 

Je t’aime ! cria-t-elle, se disant que l’oiseau porterait peut-être son message.

 


 

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Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 14:02

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