Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 18:48

Ancienne commune de la Seine, annexée par Paris en 1860, Montmartre n’a pas été trop atteinte par la folle urbanisation destructive de la capitale, au point de conserver les vestiges d’un passé glorieux, celui d’un temps où les amoureux romantiques se donnaient rendez-vous au pied de la Butte.

 

Du XIXe au XXe siècle, Montmartre fut le lieu de prédilection d’artistes peintres tels que Pissaro, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Picasso… etc., mais aussi celui de grands auteurs comme Marcel Aymé, Prévert, Boris Vian… Le compositeur Hector Berlioz y vécut, de 1834 à 1836, dans une maison paysanne, rue du Mont-Cenis, maison détruite en 1926, et le grand maître du romantisme, Victor Hugo, s’y promena au bras de Juliette Drouet, femme avec laquelle il connut, sans doute, sa plus grande histoire d’amour, une passion dont il s’inspirera pour écrire si bien celle de Marius et Cosette dans son roman Les misérables.

 

De nos jours, Montmartre est l’un des lieux les plus prisés du tourisme parisien, pour ne pas dire un lieu incontournable. Que ce soit par le funiculaire, ou bien par les 222 marches de la rue Foyatier, les visiteurs se ruent sur la butte avec une fascination qu’ils n’arrivent pas toujours à s’expliquer. Est-ce pour l’architecture, pour les peintres anonymes de la place du Tertre, pour la basilique du Sacré-Cœur, ou bien encore pour le Moulin de la Galette ou les vignes Montmartoises, que les yeux se mettent à pétiller et que les cœurs s’enflamment ? Il y a, sans nul doute, un peu de tout cela, mais pas uniquement.

 

Tout comme le pont de l’Alma semble avoir conservé les souvenirs de son aïeul dans le ressenti de Marjolaine, Montmartre suinte de la mémoire de son passé ; nous sommes des centaines de millier à la sentir nous pénétrer, sans même y prêter attention. On entre dans Montmartre et on se sent rapidement envouté. Nous sommes toujours à Paris, pourtant nous avons l’étrange sentiment d’en être sortis. Il suffit pourtant de savoir s’arrêter, de prendre le temps de regarder, d’écouter, de se servir des sens dont la nature nous a si généreusement dotés, pour comprendre le mystère et voir les grands hommes d’antan qui se sont succédés dans ces ruelles, qui y ont aimé ou souffert. Il suffit de laisser aller son imagination, pour apercevoir un Gavroche dans les rires de l’enfant qui se laisse glisser sur la rambarde du grand escalier. Il suffit de fermer les yeux pour sentir glisser sur son âme, sur son cœur, la plume légère de Victor Hugo, ou, encore, entendre Berlioz siffloter sa symphonie Harold en Italie, ou bien deviner les premières notes de son opéra Benvenuto Cellini.

 

Née dans un petit village près de Lille, Marjolaine avait découvert Paris lors d’une excursion avec son lycée. Si la Tour Eiffel, pardon monsieur Eiffel, la laissa totalement indifférente, elle avait eu un véritable coup de cœur pour la butte, tant  et si bien que, du haut de ses 15 ans, elle s’était promise qu’elle s’y installerait un jour. Et elle tint sa promesse.

 

Cela faisait maintenant quatre ans qu’elle vivait à Montmartre. Grace à un salaire des plus confortables, elle avait pu se rendre propriétaire d’une belle maison, du début XIXe, située à proximité du Clos Montmartre. D’une superficie de 152 m2, bâtie sur trois étages, l’arrière de la bâtisse cachait jalousement un jardin arboré de 80 m2, loin des regards et des bruits de la rue Saint-Vincent. C’était son havre de paix, un lieu qu’elle appréciait d’autant plus lorsqu’elle revenait d’un long voyage d’affaire à l’étranger.

 

Allongée sur un transat, au milieu du jardin, simplement vêtue d’une culotte en dentelle noire, et à l’ombre d’un grand marronnier, Marjolaine, les yeux clos, semblait si paisible que l’on eut pu croire qu’elle dormait. Mais elle n’avait de calme que l’apparence : intérieurement, elle bouillonnait d’une fièvre ardente, une fièvre causée par un mélange de fol espoir, de joie entrecoupée de tristesse, et du souvenir de deux corps, de deux âmes enflammées et passionnées, d’un amour improbable, d’un cœur battant au rythme nouveau de l’être aimé. Un petit courant d’air tiède vint lui balayer un coin de la nuque et il lui sembla sentir le souffle chaud des baisers de Carole. Le vent se propagea entre les branches du marronnier et le bruissement du feuillage se transforma, dans son esprit survolté, en des murmures de mots doux. Peu à peu, une douce chaleur s’empara de ses chevilles, de ses mollets, comme la caresse d’une main, et remonta sur ses genoux, avant de s’insinuer entre ses cuisses et d’incendier son intimité.

 

Dans un geste purement instinctif, elle posa une main sur sa vulve, puis ses doigts entrèrent en mouvement en massant doucement le clitoris au travers de la culotte. L’incendie prit très vite de l’ampleur, comme attisé par le soufflet d’une  cheminée, et envahit ses entrailles, fit se soulever ses hanches.

 

Carole, soupira-t-elle en glissant ses doigts sous sa culotte.

 

Le visage de son amante se forma dans son esprit, un visage souriant et nageant dans le bonheur. Elle avait les yeux mi-clos, chargés de désir et de plaisir, et sa voix, puis ses gémissements, résonnèrent à ses oreilles. Ses doigts s’activèrent de plus belle. Les longues flammes de son feu intérieur la léchaient à présent jusqu’au tréfonds de son âme ; son corps se tendait par intermittence, ou était secoué de petits tremblements. Des gémissements murmurés s’échappaient de ses lèvres entrouvertes, et venaient se mêler, dans son esprit, à ceux de Carole.

 

Toujours dans ce jeu subtil de l’imagination associé aux souvenirs de la veille, Marjolaine sentit sa main disparaître, pour être  remplacée par les longs doigts fins de Carole. Il y avait toujours un peu de gaucherie dans sa façon de la caresser, mais beaucoup plus de conviction, de désir de bien faire, de plaisir à faire naître l’orgasme.

 

Tandis que les doigts roulaient autour de son clitoris, de folles images se succédaient dans sa tête. Ses hanches ondulaient au grès d’une houle de plus en plus forte et ses gémissements cessèrent d’être murmurés.

 

Un oiseau se posa sur l’une des branches du marronnier, chanceux observateur d’un fabuleux spectacle. Les doigts de Marjolaine dansaient sous la culotte, en dessinant d’étranges vaguelettes sur la dentelle ; son visage affichait le plaisir, une joie intense ; son corps se tendait, se cambrait, se tordait, jusqu’au moment où il s’arc-bouta pour faire face à l’explosion de l’orgasme. Penchant sa petite tête d’un côté à l’autre, l’oiseau semblait apprécier cette étrange symphonie où les cris de cet être étrange deviennent un magnifique chant d’amour.

 

Encore tremblante d’émotion, Marjolaine ouvrit les yeux et observa l’oiseau prendre son envol. Une larme perla à ses yeux.

 

Je t’aime ! cria-t-elle, se disant que l’oiseau porterait peut-être son message.

 


 

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Par laplumeoccitane - Communauté : Récits Erotiques X
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