Samedi 14 juin 6 14 /06 /Juin 19:15

  Il n’était pas encore dix heures du matin, que le soleil de ce début juillet se faisait déjà bien pesant. La nuit passée avait été claire et étoilée et n’avait pas réussi à faire descendre la température en dessous des 24°C. Le bitume de la départementale, surchargé de soleil, faisait remonter de longues vagues chaudes, presque brûlante, ajoutant encore plus de difficultés aux efforts de Rémi sur son vélo.

 

            Désireux de pouvoir pédaler à la fraîche, il avait quitté le camping de Cahors sur les coups de huit heures, ce matin. Tant qu’il avait roulé les routes bordées d’arbres, en longeant tantôt le Lot et tantôt le Célé, il avait eu cette fraîcheur bienfaisante, mais, à présent qu’il était sur le Causse, il se trouvait entièrement exposé au soleil, enveloppé par une chape de plus en plus lourde. De plus, comme si les difficultés n’étaient pas suffisantes, la route présentait un long faux plat montant, l’obligeant à se mettre régulièrement en danseuse pour relancer son vélo, derrière lequel était attelé une remorque mono-roue, contenant tout son nécessaire de camping, ainsi que ses vêtements de rechange. Pourtant, à le regarder de plus près, il ne donnait pas l’impression de réellement souffrir de la fatigue due à la chaleur : ses jambes, dont les muscles se tendaient et détendaient à chaque coup de pédales, tournaient vigoureusement dans un mouvement fluide et léger.

 

            Une quinzaine de kilomètres auparavant, il avait eu le choix entre deux directions pour gagner Rocamadour. S’il avait tourné sur la gauche, empruntant la route touristique, il aurait pu continuer à l’abri des arbres et arriver au pied du site par la vallée de l’Alzou. Mais, en plus de lui rajouter plusieurs kilomètres, le relief s’élevait énormément avant de redescendre dans la vallée et il avait donc opté pour la seconde solution, tout droit, en passant par Gramat.

 

            La bouche entr’ouverte, des gouttes de sueur perlant à son front, il regrettait à présent un peu son choix. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas roulé sur les routes de son enfance et il en avait oublié que les cinq derniers kilomètres étaient aussi casse-pattes. Son casque, bien que parfaitement aéré, lui semblait peser de plus en plus et, à plusieurs reprises, il avait été tenté de le retirer. Son maillot était entièrement ouvert sur son torse rasé et ses jambes, halées par le soleil, parfaitement épilées, luisaient de transpiration.

 

            Cela faisait tout juste une semaine qu’il avait pris la route. Il avait quitté Paris par le premier RER de la ligne A, à l’aube. Il en était descendu au terminus, en garde de Chessy / Marne-la-Vallée, puis avait suivi l’itinéraire qu’il avait longuement préparé, plusieurs semaines auparavant, un itinéraire en cinq étapes jusqu’à Rocamadour. Il avait d’abord roulé jusqu’à Orléans, 140 km de pédalage, y avait fait halte pour une nuit, puis s’était rendu à Châteauroux, encore 140 km, avant, dès le lendemain, avaler une étape de plus de 200 km qui le mena à Brive-la-Gaillarde. Après une nuit de repos, il était remonté sur son vélo pour franchir les 100 km qui le séparaient encore de Cahors et, enfin sur ses terres, il y passa deux nuits dans un confortable camping en bordure du Lot, avant de se lancer sur la route qu’il suivait aujourd’hui.

 

            « Dernière ligne droite », se dit-il en apercevant le panneau indiquant qu’il ne lui restait plus que 3 kilomètres à parcourir. Il attrapa l’un des deux bidons accrochés au cadre du vélo et se versa une longue rasade d’eau sur la nuque ; elle était devenu chaude, mais cela lui fit néanmoins un peu bien.

 

            Poussant péniblement son vélo chargé de quatre sacoches et d’une toile de tente, Cerise ne cessait de pester contre elle-même : sa roue arrière avait percé à quatre kilomètres de sa destination du jour, Rocamadour. L’incident ne l’avait guère inquiété dans un premier temps, jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive qu’elle avait oublié le nécessaire de réparation dans son appartement parisien, une omission qui l’obligeait à découvrir les joies de pousser un vélo bien chargé, sur une route qui ne semblait ne jamais vouloir finir et par une chaleur caniculaire. Toutefois, ce fâcheux contretemps ne la faisait pas regretter la décision qu’elle avait prise quelques mois auparavant, une idée qui avait lentement germée dans son esprit, avant de devenir une envie, puis un besoin irrépressible.

 

            C’était un soir qui s’était achevé par une nouvelle dispute avec Christophe, l’homme qui partageait sa vie depuis plus d’un an, une engueulade de plus, l’incompréhension de trop. Elle se sentait étouffée par lui, par sa jalousie, et aussi frustrée : elle était une femme aimant le sexe, aimant inventer des jeux pour rendre les rapports encore plus intensifs, mais Christophe, à tout juste 30 ans, avait déjà pris une vie de pantouflard et n’était pas très porté sur la chose, en tout cas pas autant qu’elle le souhaitait. Elle avait pourtant tout tenté, du moins le pensait-elle, pour le sortir d’un certain côté conventionnel, mais elle n’avait réussi qu’à l’amener à une jalousie maladive de plus en plus dévastatrice pour leur couple, à tel point, qu’elle en était venue au besoin de vouloir faire une pause, quel qu’en puisse être l’issue finale. Architecte d’intérieur à son propre compte, elle s’était autorisée à prendre deux mois de congés pour les vacances d’été, des vacances qu’elle allait passer seule, loin de tous ses soucis.

 

C’est en parcourant le Net, à la recherche d’un lieu de villégiature aux Etats Unis d’Amérique, qu’elle était tombée sur un forum parlant du cyclotourisme. Très vite, elle avait été emballée par les nombreux témoignages, tant et si bien qu’elle avait décidé de tenter l’expérience sur les routes de France. Bien sûr, Christophe n’avait pas du tout apprécié cette idée, mais Cerise était de ces femmes qui, une fois une décision prise, ne reviennent jamais dessus.

 

Curieuse coïncidence ou pur fruit du hasard, Cerise avait pris la route depuis le même endroit que Rémi, à deux ou trois kilomètres près, mais quelques jours avant lui, suivant ensuite le même itinéraire jusqu’à Châteauroux. De là, elle était partie sur Limoges, environ 130 km de pédalage, où elle avait passé une nuit, avant de se rendre à Brive-la-Gaillarde où elle resta deux jours et trois nuits afin de bien récupérer de ses efforts. Fraîche et bien reposée, elle avait quitté le camping peu après le lever du soleil pour franchir les 50 petits km menant à Rocamadour, comptant y arriver en milieu de matinée, chose qui aurait pu se faire sans cette maudite crevaison.

 

Non, elle ne regrettait rien, même si Christophe l’avait menacé de rompre avec elle, même si, à cet instant précis, elle était à bout de force et ressentait le besoin de faire une pause à 2 kilomètres de son point de chute.

 

Elle jeta un regard vers le ciel d’un bleu limpide, et poussa un profond soupir de résignation. Elle abaissa les deux béquilles de son vélo, prit son bidon d’eau et alla s’assoir sur le talus en bordure de route. Elle retira le foulard mauve qu’elle portait autour de la  tête et ses cheveux coulèrent aussitôt jusqu’en dessous de ses épaules, une belle chevelure tirant sur le blond et parsemée de reflets roux. Reprenant doucement son souffle, elle porta un bidon d’eau à ses lèvres et ce fut à ce moment qu’elle aperçut le cyclotouriste qui arrivait vers elle ; une lueur d’espoir la traversa et elle se releva rapidement en faisant de grands gestes.

 

-          Bonjour ! s’écria-t-elle lorsqu’il fut pratiquement à sa hauteur.

-          Bonjour, répondit le cycliste en mettant pied à terre. Vous avez des ennuis ?

-          Juste un petit souci, répondit Cerise en pointant son pneu du doigt.

-          Je vois. Vous ne savez pas comment réparer ?

-          Si, bien sûr, mais… comment vous dire… Je n’ai pas ce qu’il faut ! Les chambres de rechange ont dû rester sur ma table basse, à Paris.

-          Effectivement, c’est un peu loin d’ici pour que ces chambres vous soient d’une quelconque utilité ! fit l’inconnu en souriant.

-          Pensez-vous que vous pouvez m’aider ?

-          Oui, bien sûr : les miennes sont avec moi ! répondit-il en retirant son casque qu’il posa sur son guidon.

-          Vous êtes mon sauveur ! fit Cerise en le gratifiant d’un grand sourire, tout en retirant ses lunettes de soleil, découvrant deux yeux d’un vert si éclatant, que l’inconnu en fut aussitôt captivé.

-          Ce sont vos premières vacances à vélo ?

-          C’est à cause des chambres à air que vous me demandez ça ?

-          Non. Croyez-moi, ce genre d’oubli arrive même au plus chevronné !

 

A vingt-six ans tout juste, Cerise possédait un corps magnifique, parfaitement proportionné et superbement moulé dans la tenue cycliste. Ses jambes bronzées étaient longues et fines, avec une musculature qui laissait deviner qu’elle ne pratiquait pas le cyclotourisme depuis très longtemps, ou bien qu’elle ne faisait jamais de vélo en dehors des vacances.

 

-          La réponse est oui : c’est la première fois que je pars ainsi en vacances.

-          Je souhaite que cette crevaison ne vous fasse pas regretter votre choix.

-          Non, loin de là !

-          Il va falloir que l’on déleste votre vélo de son chargement.

 

Cerise remit ses lunettes sur le nez et détailla un peu plus l’homme qui s’attelait à détacher les sacoches de son vélo. Il devait avoir la quarantaine passée, des cheveux châtains, légèrement dégarni sur le haut du crâne, et son corps, bien que fin, était musclé, surtout des cuisses. Ces dernières étaient si gonflées, qu’elles semblaient sur le point de faire exploser son cuissard. Sans aucun doute, lui n’en était pas à sa première randonnée à vélo.

 

Se sentant observé, l’inconnu se retourna et leva ses lunettes sur le dessus du front. Il avait yeux couleur noisette et son regard était profond, troublant.

 

-          Je m’appelle Rémi Castellan.

-          Cerise Rignac.

-          Cerise ?

-          Oui, je sais… Comme la pub à la télé !

-          Ce n’est pas ce à quoi je pensais. C’est un prénom original.

-          En effet, très original !

-          Mais qui vous va bien. Ravi de faire votre connaissance, mademoiselle Rignac.

 

La jeune femme serra la main qui lui était tendue et ressentit quelque chose d’étrange à son contact, un sentiment diffus qui disparut avant qu’elle puisse en saisir le sens.

 

-          On s’attaque à votre pneu ?

-          Oui, bien sûr, répondit-elle sur le ton d’une personne sortant d’une rêverie. Je vais vous aider à enlever les dernières sacoches.

 

Erog étant limité dans le nombre de mots, je vous propose de lire la suite sur mon blog : http://laplumeoccitane.blogspot.fr/2014/04/le-temps-des-cerises-chapitre-1-dans-sa.html

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